Aujourd'hui je partage un article au sujet un peu aride mais j'ai trouvé intéressant de regarder plus en détail comment sont financées les écoles et les répercussions que cela peut avoir. Au début j'allais évoquer seulement l'absence du programme unique, mais de fil en aiguille je me suis demandée pourquoi les petits Americains n'étudiaient pas les mêmes choses et voilà ce que ca donne!
Lorsqu'on arrive dans un nouveau pays, on essaye de se raccrocher à que l'on connait déjà mais ici ce sera bien difficile : vous et vos enfants allez devoir abandonner toute notion de cours avec contenu standard...
L'absence de Programme standardisé dans le pays peut s'expliquer par différents facteurs :
Un système scolaire décentralisé
Il faut savoir que comme pour bien d'autres sujets aux US, le système éducatif est complètement décentralisé. Cela signifie que le programme (appelé ici "curriculum") est déterminé au niveau du district, par le School Board. Les membres du School Board sont le plus souvent des élus locaux qui ont à cœur les problématiques locales et qui sont imprégnés de la culture de leur Etat.
Parfois le school district est aligné sur la géographie d'un County mais ce n'est pas toujours le cas. Par exemple, en Caroline du Nord, il existe plus d'une centaine (oui une centaine!) de school districts, chacun compétent pour fixer ses propres règles en matière de contenu des enseignements. Les livres utilisés en classe (quand il y en a) sont également choisis par le School Board.
Les manifestations de cette décentralisation sont nombreuses, en voici quelques-unes :
* le nombre de jours durant lesquels les élèves sont tenus d'être en classe diffère selon les Etats : cela peut aller de 185 jours/an à 170 jours selon les Etats, parfois il n'y a pas de minimum (comme dans l'Ohio ou le Wisconsin),
* les dates de rentrée des élèves après les vacances d'été sont souvent laissées à l'appréciation des school boards, C’est ainsi qu’en Floride les élèves retournent sur les bancs de l’école à la mi-août alors qu’à New York ce sera 2 semaines plus tard,
* le contenu des cours qui ont le même intitulé peut varier selon les particularités du lieu (histoire, géographie, économie de l'Etat), même si le "Common Core" essaye d'harmoniser les standards minimum dans certaines matières (maths, English language arts). Par exemple, à l'école élémentaire et en middle school, les élèves étudient l'histoire de l'Etat dans lequel ils se trouvent, et ne vont pas, en général étudier l'histoire du pays et du monde avant d'arriver en high school.
Financement de l'éducation : mieux vaut habiter un Etat/région/quartier riche que pauvre...
Là aussi c'est très décentralisé, provoquant des inégalités de niveau selon les Etats/régions. En effet, le financement du système éducatif provient pour une moitié du budget fédéral, proportion qui décroit régulièrement. Pour la seconde moitié il est local.
Le financement local se répartit entre l’Etat (environ 45.1%) et local (au niveau du district 44.8%).
Cela veut dire que selon l'endroit où l'on se trouve, les écoles vont recevoir beaucoup ou peu de financement et les différences sont parfois énormes!
Par exemple en 1998 (toutes choses étant égales par ailleurs), les chiffres montraient un montant annuel de 8,801$ alloué par élève dans le New Jersey alors que tout en bas de l'échelle de l'allocation, la somme allouée par élève en Utah ne dépassait pas 3,804$ (Source: Education Week, 2000, p. 82). Ces sommes servent à l'entretien des bâtiments, aux acquisitions de matériel pédagogique, au recrutement de professeurs mieux formés, au transport des élèves etc. Les différences de montant sont parfois constatées au sein d'un même Etat. Plus la localité est "aisée", plus les taxes locales seront élevées (property taxes) ce qui aura un résultat bénéfique pour le financement des écoles publiques situées dans le voisinage.
A l'inverse, les quartiers plus pauvres ou moins favorisés auront des taxes foncières locales plus faibles et les écoles recevront moins de financement et ne seront pas en mesure de proposer aux élèves un enseignement de qualité. C'est un cercle vicieux.
D’où l’importance de faire très attention à la localité où l'on s’installe et au montant des taxes foncières locales qui financeront en partie l'école du quartier si on a des enfants. CQFD.
Je précise que tout ce qui précède est valable uniquement pour les écoles publiques et ne concerne pas les écoles privées.
Fun fact : pratiquement tous les Etats ont fait l'objet de poursuites pour n'avoir pas consacré et suffisamment investi de fonds dans l'éducation.
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